Nous sommes rendues dans dans l’est pour tenter de délivrer la secrétaire russe du consulat soviétique. En échange elle devait nous remettre un magnétophone secret contenant des informations sur le réseau d’espionage russe.
Nous avons été suivies par un espion qui tentera de m’assassiner et de faire boire un somnifère à Emmatiana. Notre quide sera assomé à ma place.
Nous nous sommes échappés en sautant du train en marche et avons pris quelques jours de repos à Venise.
Agneska et Emmatiana
Evidemment, cela ne s’est pas passé comme ça.
...
Pour emma, ce fut le grand saut:
Son premier voyage de “backpacker”
- Tu veux faire quoi plus tard?
- Je veux être peintre ou écrivain
- ...
- Ou les deux
- Tu veux peindre des trucs qu’on comprend pas?
- Non, justement, des trucs que chacun puisse comprendre à sa manière
- Ce serait bien une ville complètement sous l’eau. On entre avec une petite navette, et puis voilà.
- Et pour respirer, on ferait comment?
- Ben y’aurait de l’air à l’intérieur et puis des arbres pour assurer le renouvellement de l’oxygène.
- Tu crois que ce serait possible une ville comme ça?
- Dans le futur. Ce serait bien.
Samedi. Venise
Après la visite de la galerie dell Accademia, Emma nous dessine la version manga du Christ sur la croix.
“Avec les clous plantés dans le milieu de la main, il pouvait certainement plus bouger les doigts”.
Au restaurant, Emma est d'une grande compagnie pour faire la conversation.
Lundi. Transit à Trieste
Nous avons quitté venise sur les coups de 9 heures. Par le train, la lagune nous salutait de ses eaux pétrole. Emma s’est tout de suite plongée dans les schtroumpfs et moi dans le guide.
Arrêt à Trieste où, après avoir acheté nos billets de bus pour Ljubljana, nous avons marché en direction des quais avec nos sacs sur le dos.
Pause déjeuné à l’isola del tesoro (l’île au trésor) où je parcous les nouvelles dans Il Corriere della Sera. Les chinois finissent premier des JO, les américains second. En troisième position arrivent les russes. L’Espagne enterre ses morts du crash aérien: un Mc Donnel Douglas de la compagnie Spanair est allé au tapis à Barajas. Le pays revit un état de choc similaire à celui posterieur aux attentas terrorristes.
Après le repas, à la demande d’Emma, nous nous assoyons quelques instants sur les quais pou contempler le temps qui passe. Trieste évoque pour moi le film de Winterbotton “In this world”. Lorsque les deux afghans débarquent du cargo arrivant à Trieste, 48 heures après le départ d’Istanbul reclus dans un container, l’un est mort, comme le reste des clandestins, l’autre rejoindra Paris par le train, puis le camp de la Croix-Rouge de Sangatte, puis Londres couché sur le chassis entre les roues d’un 36 tonnes.
A 14 heures, cap sur la Slovénie. Les paysages me rappellent la Suisse. Emma récite les chiffres en slovène sous l’approbation d’une dame assise deux sièges plus bas. Petits villages avec clocheton émergent des feuillages et des forêts. Balcons fleuris. Vers 17h nous entrons dans la capitale.
Très aérée, bicyclettes dans tous les sens. Depuis la gare routière, nous descendons en roue libre dans le centre ville qui nous accueille chaleureusement. Piétons, rivière, saules dont les branches baignent dans les eaux de la ljubljanica river, terrasses par milliers où touristes et autochtones prennent le pot du soir.
Nous arrivons dans l’auberge de jeunesse pour le check in et découvrons une chambre d’ambiance 80’s. Grand dessin à la bombe sur le mur frontal. Table avec toile cirée, édredon rose, moquette au sol.
Le temps est à la flanerie après l’installation. Emma mange du mais grillé et j’envoie des sms dans toute l’Europe.
Mercredi. Bled
Pas un Bled mais Bled, la ville au nord de la Slovenie. Arrivée par le bus de 10h depuis Ljubljana. Traversée des campagnes verdoyantes entourées de montagnes rocheuses dans lesquelles se coulent des sillons de neiges éternelles. Après une heure de route, Bled nous offre son lac et ses eaux émeraudes, l’île avec la petite chapelle, le château perché sur son roc à 100 mètres. Bled, 5000 habitants, nous voici à la campagne après 4 jours de ville intense. Le gérant moustachu et extraordiairement affable nous a conduit à notre chambre à l’étage dans la villa Gorenka. “Not clean yet”. No problem. On pose les sacs et partons à la recherche d’un bon spot pour se baigner dans le lac. Je laisse Emma nager et glisser sur le toboggan et m’affale sur ces chaises longues en bois au ras du sol. C’est le premier jour de détente. Je m’endors. D’un oeil.
Au bout d’un moment, je motive Emma pour la randonnée autour du lac (6 km) avec la promesse d’un cornet de glace avec 750 g de vanille au sommet.
La veille à Ljubljana n’a pas été moins remplie. Visite du château le matin, du marché et de la partie nord de la ville où l’on découvre des cafés hip-hop. Puis main basse sur le muséum d’histoire naturelle qui abrite un squelette de mammouth datant de 20 000 ans. Il s’agit d’une reproduction, les pièces autentiques étant gardées dans les annexes du musée. Emma est deçue de ne pas être en présence des vrais ossements. Le musée me rappelle celui de NYC en moins grandiose. Mais ici nous sommes seules. Dans une cave reconstituée, on découvre un documentaire sur une espèce endémique slovène: la salamandre à la peau blanche ou human fish.
A la tombée de la nuit, nous déambulons sur Presernov Trg où une estrade est montée pour accuellir les athlètes de retour de Pekin. Auparavant une fanfare et ses majorettes donnent une représentation. Dans la foule, Emma s’amuse à me perdre de vue puis y arrive carrément. Montée d’adrénaline. Je la retrouve sur le seuil de l’auberge de jeunesse avec son ballon au poignet. Elle aussi paraît inquiète. C’est rassurant...
Jeudi. Les anges-gardiens
Ils arrivent sans prévenir. Sans frapper. Tout d’un coup ils sont là. Sur notre chemin. On les contourne, on les effleure, on les regarde, on leur parle. Ils nous conseillent, nous proposent, nous questionnent. Ils sont là, nous offrent un cadeau. On les contourne, on leur parle, on s’en va. C’est tout.
Montée jusqu’au château médieval à pieds. On contourne l’église Saint Martin puis direction “grad”. “Mais si, ça veut dire “château””. Emma prend le guide de mes mains et l’ouvre à la page du lexique. On monte. Vue sur l’île, sur le lac, les sommets et les maisons groupées alentour. We are the king of the world.
Descente. Au pieds du château, il y a une troupe de maisons avec balcons fleuris, une pizzeria et à peine deux clients sur la terrasse. Emma prend place et je reste debout pour consulter le menu à l’entrée. Soudain, le serveur est derrière moi et deux feuillets plastifiés arrivent sous mon nez. “Vala”. La moitié du repas nous sera offerte et encore... ça arrondit sur la monnaie rendue. Bien étrange. Il propose de nous emmener ramer sur le lac dans l’après-midi. Bien essayé. Balle envoyée, balle perdue, le jeu est fini.