Reserva
de la biosfera de los Montes Azules. Laguna Miramar
Je
crois que c’est la zone la plus reculée du pays où je me suis rendue. A 6
heures de 4 roues (quand tout va bien) de la première ville. J’ai logé dans des
cabanes près du fleuve dans un village appelé Emiliano Zapata (rien de moins)
au cœur de la forêt Lacandone, là où il fût un temps les zapatistes se
retirèrent lustrer leurs revendications. J’ai fait connaissance rapidement avec
les gestionnaires du parc naturel et la famille de la cantine (il n’y a ici ni
hôtel, ni restaurant. Juste des maisons, une école et une église, 3 téléphones
pour tout le monde et pas de réseau, donc pas de portable. Les gars du parc se
communiquent par radio ou par un haut parleur qui raisonne dans tout le
village).
Le
lendemain matin, je pars aux aurores avec Mario pour la Laguna Miramar à 6 km
du village par une piste boueuse. La brume monte lentement au loin sur les
collines, le maïs est haut dans les champs, des cavaliers nous dépassent par
moment. A 8 heures je découvre la féérie du lac. Pas une brise. On sort le canoë
et on part ramer en longeant la rive ou pas un seul centimètre n’échappe à la
végétation. Au sommet des arbres, je vois des singes hurleurs (ils poussent
vraiment des aboiements!) sauter de branche en branche. On gare le canoë pour
s’enfoncer dans la jungle avec des mille patte orange et brun foncé, des
figuiers étrangleurs, des champignons étranges. De retour au campement il y a
du monde. Les uns boivent le pozol,
d’autres attendent je sais pas quoi. Les enfants de la famille qui tient la
cantine au village sont venus pour passer la nuit dans les hamacs et tenir
compagnie au gardien qui, lui, fait des tours de 24h. Les enfants sont curieux
et me posent plein de questions. Ils me montrent des jeux avec des graines
rouges. On décide de faire un château de sable. Mais avec quoi? Des bouteilles
en plastique sont sorties de la poubelle et découpées à coup de machette (la
machette dans cette région est l’instrument incontournable). Le château se
transforme vite en volcan profond creusé à la base d’un tunnel afin de générer
un système d’écoulement. Ensuite c’est l’heure de la baignade. L’eau du lac
doit être à 30 degrés… et transparente d’un bout à l’autre. On y pêche des
perches.
Je
ne passerais pas la nuit au campement. Des braconniers y traînent pour tuer les
singes qui sont en voie de disparition. Ce n’est pas eux qui me font peur. En
fait c’était juste un mauvais calcul de ma part.
Pour me rendre à
l’endroit dont je vous parle j’ai voyagé dans un camion à bestiaux (eux, ils
appellent ça un tres toneladas, moi
je trouve que ça fait transport du bétail, voir les photos ci-après). A l’allée
entre deux bidons de 200 litres d’essence, des pieds (chaussés) suspendus au
dessus de la tête et au retour la joue contre une roue de camion, des sacs de
frijoles et des poules dans les jambes. Le retour a été corsé comme un bon café
du Chiapas quand en descendant dans une vallée, un camion pepsi embourbé dans
le fossé suite à un effondrement de terrain (une chance que la piste se soit
juste affaissée) barrant la route s’offre à nous. Coupage du moteur, tout le
monde descend. Des types étaient déjà à l’œuvre pour sortir la tonne de
bouteille de 3 litres de pepsi et la transférer dans deux autres pick-up.
Ensuite il a fallu amarré un câble et l’autre camion pepsi a tiré le premier
camion de toute son âme. Bref on s’est retardé de plusieurs heures et ensuite,
je sais pas pourquoi mais de plus en plus de passagers se sont mis à monter.
Accrochés aux armatures de la bâche, envahissant le corps du camion à bestiaux.
Les trois dernières heures il fallu voyager debout au rythme des nids de poule
de la piste. La pluie s’est mise de la partie, le froid s’y est associé
rapidement. La bâche était mal mise bien sûr. Quand je suis arrivée à
destination (après 8 heures dans le camion à bestiaux), je me suis installée au
restau le plus chic de la place, j’ai commandé à bouffer et j’ai regardé un
match de foot: Espagne-Brésil.
Mais
rassurez-vous, tout valait le coup.
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Exemple de camion à bestiaux qui nous sert de moyen de transport pour les 6 heures de route |
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vestidos locales |
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la pluie (le rideau dans le fond sur la gauche) |
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A la cantine du village, j'ai commandé du poulet. Il suffit de demander |
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départ vers la Laguna Miramar, Reserva de la biosfera de los Montes Azules |
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Jungle sur les rives de la laguna |
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jungle (détail) |
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Mario et sa machette (pratique pour ramener des plantes qui soignent les reins) |
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la laguna |
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Château de sable avec Moncho et Berenice |
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sur le canoe |
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la baignade |
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plus de 400 espèces de papillons dans la forêt Lacandone |
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le camion pepsi embourbé |
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pepsi tiré par pepsi par un câble |
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dans le camion avant la pluie |
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peuples indigènes du Chiapas |